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Sylvain Wavrant

  -    -  Sylvain Wavrant

Un jour plasticien, le lendemain costumier, parfois metteur en scène, souvent directeur artistique, toujours taxidermiste… Pour comprendre la démarche de Sylvain Wavrant, il est nécessaire de ne dissocier aucun des nombreux rôles qu’il endosse, de ne pas tenter de ranger les multiples projets qu’il mène dans des cases. Résumer son processus créatif apparait comme un chantier complexe, tant la richesse de ses œuvres donnerait à priori l’intuition de ne pas devoir les lire dans leur ensemble. Mais c’est bien ainsi qu’il faut discerner ce que propose cet artiste engagé et rêveur, en embrassant la pluralité et la profusion de ses gestes. Ce sont ces allers-retours, ces ponts — ces écarts parfois —, qui lui permettent de cristalliser in fine un message fort et cohérent, et qui semble se déployer à travers trois grands axes. Au départ, l’engagement. Depuis toujours, et pour toujours, Sylvain Wavrant prend la défense du vivant, de l’animal, du sauvage. Grandir en Sologne au milieu de la forêt laisse des traces, c’est certain, et d’aucuns auraient tenté de renier leur enfance au milieu des trophées de chasse et autres curiosités.

 

Sylvain, lui, cultive depuis longtemps cette fascination pour la nature et ses projets sont aujourd’hui imprégnés d’un engagement pour la cause animale, d’un militantisme qui l’amène à se saisir de sujets comme les dérives du milieu de la mode, les accidents de la route, l’élevage intensif… De manière éthique et respectueuse, les animaux utilisés dans ses créations sont (pour la plupart) décédés sur les bords des routes et récupérés par l’artiste.(…) Récemment, le plasticien opère également un déplacement progressif dans le choix de ses matières premières qui l’éloigne de la taxidermie traditionnelle. Des sculptures où les matériaux deviennent signifiants au-delà de la forme produite (tête de la Médusa en peau de mue de reptile), et lui permettent de rendre hommage à d’autres artistes (sculpture de coyote en couverture pour évoquer Beuys), de convoquer des rituels anciens (animaux sculptés avec de la sauge fraiche, séchés durant les expositions et brulés lors de performances), de revaloriser des matières banales (cire d’abeille, scotch de pièges à mouches…). Enfin, la métamorphose et les récits mythologiques sont une source d’inspiration récurrente pour l’artiste. Il réalise par exemple régulièrement des fresques au fusain et au crayon sur les murs de centres d’art ou de maisons, dans lesquelles il illustre les étapes des métamorphoses de personnages ovidiens comme Actéon ou Zeus. Le projet « Metamorphosis »souligne ainsi l’attirance pour l’hybridation entre homme et animal du plasticien qui se verrait bien chimère lui aussi, comme le prouve sa transformation dans son « Autoportrait en Actéon ». Dans une sorte d’apothéose, l’installation « Les Pétrifiés », mare miroir bordée d’animaux sauvages immerge le visiteur dans une des plus célèbres mythes de Persée et Méduse. Thomas Cartron (extrait)

 

Images : Sylvain Wavrant, Les pétrifiés, 2022, Taxidermies cimentées, ardoises, roches, béton, coquillages, ossements, 90x400x400cm
© Albert Black Lux – Exposition « CHIMERES » en duo avec Thomas Carton au Repaire Urbain, Angers. 2022

 

Portrait de Sylvain Wavrant © Fred Margueron