Haut

Mathieu Lion

  -    -  Mathieu Lion

La hauteur du sanglier est le point de vue qu’emprunte le photographe pour suivre les traces des mammifères sauvages dans la campagne. Dans la végétation dense, son corps de bipède devient inadapté. Il lui faut se baisser, affronter les branchages et les épines, adopter une autre silhouette. En pistant les animaux, l’artiste se projette dans un autre corps, une autre perception du territoire, et accède progressivement à l’envers du paysage : un monde habité, imprévisible, qui se cache dans les interstices sauvages. Il découvre, en pénétrant à pas comptés, les plis d’un territoire trop longtemps contemplé comme un tableau lisse, une toile peinte décorant l’arrière-plan des aventures humaines. Pour construire sa représentation du territoire, Mathieu Lion photographie en marchant, lors d’expériences en immersion dans le terrain, et capte des images autant documentaires que subjectives. Il en conçoit un récit visuel formé de séquences photographiques dont le fil conducteur se déplace d’image en image à l’instar du regard affuté d’un promeneur-chasseur. Parallèlement, il est allé à la rencontre de ceux qui peuplent la campagne pour qu’ils lui révèlent l’en-deçà de leur paysage. Séquences photographiques et pièces sonores s’associent dans une tentative de composer le point de vue hybride d’un photographe (urbain) sur des bêtes sauvages et les chasseurs qui les pistent. L’œuvre est conçue comme un ensemble fictionnel qui interroge notre relation au monde sauvage, aux autres vivants.

Images : Série La hauteur du sanglier, 2022 © Mathieu Lion

 

Article de presse : Le Perche 9 février 2024