Le petit peuple de Marina Le Gall est vivant, saisi dans une spontanéité sur le vif. Eloignées d’une reproduction naturaliste, leur postures mises en scène semblent paradoxalement naturelles, pleines de fraicheur et de vivacité. Un renard lit le journal, un Lapin se croit danseur étoile, des Porcs-épics affolés se protègent de leur boule d’épines, des Poules font leurs coquettes… Ils s’enchevêtrent et sont à la fois identifiables et décalés. Habitées d’une vague intention humaine, leurs attitudes semblent captées en vol, comme un arrêt sur image.
Fait notable, nourricier : l’artiste est née au sein d’une famille d’agriculteurs et a passé son enfance au milieu des animaux de la ferme. Elle comprend leur caractère et leurs réactions. Pour elle, les cochons sont plus intelligents que les chiens. Sa mère élevait des volailles. Elle a passé des heures à observer leurs comportements, leur façon de secouer leurs plumes, de chasser les importuns et de lisser leur plumage. C’est toute la nature qui était à sa portée. Elle suivait son père à la chasse avec des pots de peinture et peignait les animaux tués par son père. Pour elle, c’était une façon de leur rendre hommage. Qui d’autre a pensé à ça ? C’est le geste fondateur de l’artiste, même si elle ne le pensait pas comme tel. Elle était portée pas la force de son imagination, son amour de la nature et son goût pour la peinture.
Images : Jongler avec le ciel, année 2022, faîence émaillée, échelle 1 pour un lapin de garenne
Roger pêcheur, année 2021, faïence émaillée, échelle un jeune phoque © Marina Le Gall